How I meet...

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Central Parl. 23H00...

Ethan Davis, le jeune homme qui avait frémir tant de coeurs d'adolescente fans d'une certaine série, avait quitté son vaste appartement. Une de ses dernières lubies était de s'offrir un petit footing nocturne dans ce que l'on appelait le poumon de la cité de New-York. Elles étaient loin les années passées avec cette troupe d'artistes de rue. Combien de temps déjà? Cinq ans à peu près. A cette époque, il était encore écorché vif et en voulait à la Terre entière. Il ne savait pas vraiment où il allait. Ce qu'il allait devenir. Qu'étaient-ils devenus, eux? La jeune photographe avait cessé de lutter contre sa maladie et son dernier souhait avait été exaucé. Ses clichés bénéficièrent d'une exposition dans une galerie d'art. Ils avaient été bien accueillis, et les bénéfices de la vente avaient été reversés à une association d'artistes de rue. Quel chemin il avait parcouru! Lorsqu'il repensait au passé Ethan avait presque le vertige. Tout s'était enchaîné si vite...il était passé par une période de crainte. Trop jeune, trop de succès rapidement l'avait effrayé. Au début, il n'avait pas su gérer ce statut. Puis, il avait rapidement pris de nouvelles marques. Il avait pris conscience de sa chance formidable, de cette occasion qui s'offrait à lui de vivre sa vie comme il l'entendait. De vivre ses rêves tout simplement. Aucune contrainte. Aucune entrave. Pas de regrets, que des remords.

Des regrets? Il n'en avait au aucun. Suaf peut-être cette aventure avec Chris. Enfin...Ethan essayait de se convaincre qu'il en éprouvait. Un pur déni. Depuis ce qui s'était passé entre eux et qu'il avait tant de mal à oublier ou à ignorer, il n'avait qu'esquiver l'animateur radio. Pourtant ce n'avait pas été désagréable. Loin de là. Ce n'était pas...normal. Oui, c'est le mot. "Normal". La chair est faible, et Ethan est bien placé pour le savoir. Il préfère ne plus avoir à affronter la tentation.
Mister Davis leva un instant son regard si clair et semblant presque opalescent au ciel...

Les rayons pâles d'une lune ronde parvenaient à percer les nuages et les émanations d'hydrocarbures au ciel. Quelques étoiles ternes étaient visibles. Une légère brise rafraîchissait l'air. Pour une cité de cette taille c'était une belle nuit. Vêtu d'un short noir et d'un pull à capuche noire, des écouteurs vissés dans les oreilles, Ethan réglait son pas sur la musique qu'il écoutait, accélérant aux morceaux rapides, marchant à ceux plus calmes. Il s'arrêta et but à une fontaine qui jalonnaient les allées à l'intention des joggers. Il esquissa quelques étirements, fermant les yeux et essayant vainement de vider son esprit.

Malgré l'heure tardive, il était loin d'être seul. Il croisa quelques autres coureurs, des coureuses qui semblèrent l'avoir reconnu. On rencontrait des couples d'amoureux enlacés sur les bancs, des promeneurs et leur chien, quelques musiciens. Ethan releva la tête cessant de fixer ses pieds pour voior et éviter les autres marcheurs, et accéléra un peu le pas. Soudain, il vit au loin un attrouppement. Les sourcils froncés il s'en approcha. Visiblement la petite foule entourait une silhouette.
Discrètement, Ethan se faufila pour identifier la personne qui lui tournait le dos. Doucement le jeune acteur retira sa capuche et ôta ses écouteurs attendant de voir qui causait ce joyeux petit rassemblement.

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(J'espère pas déranger Embarassed

)

Un rideau qui tombe, des pas précipités avec claquement de talons dans les coulisses et un claquement de porte. C’était Juliana après son spectacle qui pouvait enfin être seule dans sa loge, balançant ses talons de scène dans un coin tout en poussant un soupir de soulagement car ils n’étaient vraiment pas pratique et lui tuaient les pieds tous les soirs. Elle se laissa aussi tomber sur un des poufs rouges pour se masser les pieds quelques instants. Trois à quatre fois par semaine, la jeune femme se produisait sur la scène du Lincoln Center dans une comédie musicale sur l’histoire d’un cabaret et tient évidemment le rôle principal. Amusant, cela la faisait aussi travailler mais c’était non seulement épuisant mais lui prenait énormément de temps. Bon, vu le peu de vie sociale que la jeune femme avait, ce n’était pas grave. Mais après les longs mois à ne rien faire, se retrouver avec des répétitions, des spectateurs à gogo et être sur scène lui faisaient bizarre. Enfin, ce n’était pas plus mal, cela lui évitait d’attendre que le temps passe dans sa chambre d’hôtel en peignoir avec pour seule compagnie, son room service et son manager qui venait lui faire un petit coucou, finalement restait des heures et tentait finalement de la faire sortir. En tout cas, ce soir, Bichou était de sorti donc il ne risquait pas de faire traîner Ju’ dans quelconque soirée.

Les applaudissements résonnaient encore dans sa tête tandis qu’elle enlevait le surplus de maquillage, c'est-à-dire trois couches de fond de teint, ses faux cils et son fard à paupière. Juste mettre un peu de crème hydratante et une couche de mascara sur ses yeux. Evidemment avant, elle avait passé un coup d’eau sur elle histoire de ne pas se sentir sale dans ses vêtements et prendrait bien sa douche en rentrant. Ou peut être un bain, elle verrait. Elle détacha son chignon pour laisser sa crinière blonde descendre en cascade sur son dos avant de s’habiller. Toute de blanc vêtu, de son pantalon à ses chaussures en passant par son manteau lui tombant à mi-cuisse, la jeune femme ressemblait à un ange, c’était mignon comme tout. La voici donc prête à sortir pour rentrer chez elle. En général, la chanteuse rentrait en voiture, une New Beetle avec chauffeur, cela faisait super chic mais la jeune femme détestait conduire, surtout qu’en qu’anglaise Ju’ avait l’habitude d’un volant à droite et une conduite à gauche, et quitte à se faire conduire, elle avait refusé les grosses voiture tape à l’œil. Mais ce soir, en sortant, il n’y avait pas de petite voiture noire qui l’attendait. Attendant deux trois minutes sans voir personne arriver, Juliana ferma son manteau et commença à marcher. Son hotel n’était pas loin, il n’y avait qu’à tourner sur sa droite et emprunter Central Park. Il était encore tôt, il y avait toujours quelques personnes à cette heure là et donc la chanteuse se sentirait en sécurité.

C’est vrai, il y avait des gens et donc, elle tentait d’accélérer le pas et regardait ailleurs, pour que personne ne la reconnaissent. Ce n’était pas que Julia avait la grosse tête ou quoi que ce soit mais, avoir trop de monde autour d’elle était oppressant. On ne savait jamais ce que les gens étaient capables de faire et pour l’instant, tout se passait très bien, il n’y avait encore qu’une quinzaine de minutes de marche, donc autant de seconde que quelqu’un vienne l’aborder. Une personne passait encore, vingt c’était moins bien. D’ailleurs, d’un coup, son prénom fut lancé. Cela la bloqua et se tournant timidement, vit trois jeunes filles qui lui firent coucou, elle fit un signe de la main avec un sourire avant de reprendre sa route mais là, les gens commencèrent à venir vers elle. Des « oh, Juliana » « Mais vous êtes Juliana Bennett » et ce qu’elle redoutait arriva, des gens tout autour d’elle à lui parler. Elle ne put lancer qu’un bonsoir timide tandis qu’ils parlèrent tous en même temps.

Oh cela fait plaisir de voir que vous allez bien Juliana après tous ces mois enfermée.

J’ai vu votre spectacle, vous êtes magnifique.

Merci …

Elle n’avait plus l’habitude du monde. En effet, à part son hôtel et le Lincoln Center, elle sortait très peu et voyait toujours les mêmes personnes. Des fans ? Pfiou, cela faisait un bout de temps qu’elle n’en avait pas eu autant autour d’elle. Et ça lui faisait peur et plus les secondes passaient, plus les gens venaient. Heureusement qu’il était tard et que le parc n’était pas bondé. Passant sa main dans ses cheveux, elle distribuait un sourire gêné et parlait peu. Elle ne savait pas comment partir, était un petit peu paniquée à vrai dire.

Je suis désolée, je sors du spectacle et …

Oh vous êtes magnifique dedans et vos costumes de scène, oh la la! Je ne savais pas qu’une comédie musicale pouvait être aussi passionnante !

Elle n’avait pas eu le temps de finir sa phrase. Juliana voulait terminer en disant que rentrer dans sa chambre était urgent car la fatigue la prenait et qu’être entourée comme ça la faisait paniquer. Mais pour faire bonne figure, elle restait, toujours avec ce petit sourire mais ses yeux bleus inquiets qui regardaient tout le monde, à la recherche de quelqu’un qui pourrait la sortir de là ou une issue pour s’extraire de ces personnes, fortement sympathique mais terriblement gênantes …

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[HRP : Nan, nan c'était libre ^^]

La silhouette se retourna. Gracile. Blonde. Grands yeux bleus. Ce visage n'était pas inconnu d'Ethan. Amateur de musique, il n'avait pas échappé à la déferlante de cette voix suave, puissante et teriblement jazzy de Juliana Bennett. Les ondes avaient largement diffusé ses morceaux, la télévision avait pris le relais avec les clips. Quand à la presse...elle avait son travail en traquant la jeune femme.
Petite île au milieu d'une houle bruissante, Ethan voyait qu'elle se forçait à sourire tout en essayant de se tirer de ces anonymes. Même si les fans ne leur voulaient aucun mal, bien souvent ils ne se rendaient pas compte qu'ils étaient étouffants. Ethan coula un regard sur le côté fixant de ses prunelles claires les visages inconnus qui semblaient rayonner. Il baissa un instant la tête, laissant tomber une mèche de cheveux sombres sur son visage en soupirant légèrement. Lorsque le regard de Juliana croisa le sien, il eut l'impression d'être une voiture lancée à grande vitesse et que la chanteuse était un lapin au milieu de la route.
Cela avait assez duré...

Rudement poussé en avant par une admiratrice à la limite de l'apoplexie, il atterrit face à Juliana. Un léger murmure parcourut le petit attroupement "C'est pas Ethan Davis?" Avant de laisser le temps aux bienheureux de remarquer qu'ils avaient là deux célébrités, il attrappa sans ménagement (et à son plus grand regret) le poignet de la chanteuse et écarta d'un ample mouvement du bras la petite foule. Les quelques personnes qui cherchèrent à l'empêcher de partir eurent droit à un regard noir. Un de ces regards qui clouent littéralement sur place. Et lorsque ce dernier est émis par des yeux d'une couleur si irréelle...
Lentement, mais sûrement, Ethan parvint à les dégager de la foule qui poussait déjà un soupir de déception. A quelques mètres, un groupe de marathoniens, qui devaient certainement s'entraîner pour celui de New-York, leur offrirent le moyen parfait de s'éclipser, de se noyer parmi la population, de disparaître à la vue de tous.

Ethan emmena Juliana hors des allées de Central Park. Il ne la lâcha que lorsqu'ils furent suffisamment éloignés des autres êtres humains. Le jeune acteur se courba légèrement en deux, les mains sur les genoux et souffla un grand coup. En relevant la tête, il affichait un éclatant sourire qui sembla illuminer tout son visage. Rejettant d'une geste nerveux de la main ses cheveux, il déclara simplement.

"Et bien...miss Bennett. Voilà une journée de travail qui a failli se finir en une interminable séance de dédicace pas franchement prévue au planning."

Il lui tendit simplement la main.

"Ethan Davis...je ne vous assommerais pas de banalités sans nom du genre "je suis votre plus grand fan" etc. Disons, que je sais apprécier votre travail."

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Les gens étaient sympas mais collent. A cet instant précis, Julia’ s’en voulait de n’avoir pas attendu la voiture, de ne pas être resté sur le trottoir ou rentrer à nouveau dans le théâtre pour appeler l’hôtel. Elle n’était pas pressée de rentrer à ce point là mais il ne faisait pas si froid ce soir sur New York alors quelques pas n’allaient pas la tuer. Hum … Des fois, l’anglaise ferait mieux d’arrêter de changer ses habitudes au risque de se retrouver entourée d’une bonne dizaine, quinzaine, vingtaine … bref, de nombreuses personnes qui l’encerclaient, lui parlaient de sa carrière, de ses changements, qu’ils étaient contents de la revoir, qu’elle avait l’air en forme … Enfin, aucun de ces inconnus n’eut l’indélicatesse de parler de Matthew Sullivan. C’était toujours ça de pris. Puis il ne fallait pas vraiment leur en vouloir. Dans cette ville, il était toujours bien vu de connaître une célébrité ou alors d’en croiser une. Ce n’était pas les coins qui manquaient ni le nombre de VIP. Et malheureusement, c’était tombé sur la jeune anglaise. Ce n’était pas trop son jour mais on ne pouvait pas en vouloir aux gens de courir après les célébrités car eux même désirent en être une. Mais, cela la rendait en quelque sorte prisonnière, sans trouver d’issue de secours ni même quelqu’un qui pourrait la sortir de là. Ju cherchait un regard compatissant ou quelque chose du genre. Bien sûr, la chanteuse vit des yeux sur elle et tomba à un instant sur de grands yeux bleus compatissant. La couleur était impressionnante et profonde, la jeune femme resta bloquée quelques instants, avant de regarder à nouveau les gens, toujours avec ce petit sourire gêné qui montrait cruellement son envie de partir. Mais non, ils restaient obstinément à leur place et elle recroquevilla ses bras contre elle.

D’un coup, tout fut confus. Le jeune homme, qui s’avéra être Ethan Davis –ne croyez pas que Juliana ne connaissait pas au moins de noms certains people, elle avait une vie avant quand même ! – arriva devant elle, lui prit le poignet plutôt brutalement et la sortit de là. Se retournant, Julia fit un petit signe d’au revoir aux gens qui les regardait d’un air un peu interloqué. Si leurs esprits s’emballaient un peu trop vite, ça pourrait donner à de drôles de rumeurs qu’elle n’osa même pas pensé. A dire vrai, son cerveau s’est bloqué tandis qu’elle suivait Ethan jusqu’à ce qu’enfin ils arrêtent leur course et qu’il la lâcha. L’anglaise reprit son souffle tout en passant la main dans ses cheveux avant de lâcher un petit rire nerveux. Le quotidien pouvait toujours basculer d’une minute à un autre et un peu d’improvisation dans une routine si morose, ce n’était jamais de refus. Vive l’aventure tandis que Juliana lui rendit le sourire, le jeune homme ouvrit la conversation et lui tendit la main qu’elle serra gracieusement.

Oh mais je vous avais reconnu. Je vis presque comme une ermite mais je connais des gens. Quand même !

C’est vrai que vu le peu de personnes qu’elle rencontrait, on aurait pu prendre Ju pour quelqu’un d’associable, qui s’était renfermée sur elle. C’était juste que la chanteuse avait eu besoin de prendre du recul et que les sorties mondaines étaient l’endroit parfait pour rentrer des gens nuisibles à son moral. La jeune femme garda son sourire un peu timide tout en retirant sa main.

En tout cas merci … Pour le compliment mais aussi de m’avoir sortie de là. Je ne pensais pas qu’on me verrait et qu’on me reconnaîtrait ainsi. Je croyais que je pourrais rentrer sans problème mais à croire que non ! Sans vous je serais encore là bas, je n’aurais jamais pu me frayer un chemin avec mon physique de crevette face à tous ces gens ! Je me répète mais merci encore pour tout ça.

Juliana se gratta légèrement la nuque tout en conservant son sourire, ne baissant pas ses yeux bleus même si ceux de son interlocuteur, de même couleur mais tellement intense, ça devait impressionner bien plus d'une personne …

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"Je n'allais tout de même pas vous laissez seule face à la foule. Je ne comprends que trop bien ce qu'il s'est passé. Ma corpulence de crevette a souvent été mis à mal."

Il laissa échapper un léger rire cristallin. Il est vrai qu'Ethan n'était pas un de ces acteurs bodybuildés à la salle de sport. Il avait toujours ce physique presqu'adolescent. Longiligne mais terriblement félin.
Après la série dont il avait tenu le rôle phare, Ethan avait été confronté à ces hordes de visages sans nom. Pendant quelques mois, des jeunes filles campaient pratiquement en bas de son appartement. Il avait reçu des lettres plus ou moins agréables. Il se souvenait en frissonnant de cette fan qui avait réussi à s'introduire chez lui, qui avait fouillé dans son appartement et volé quelques effets très personnels. Ethan avait refusé de la poursuivre en justice malgré les conseils de sa manager.
Il avait songé à agir comme Juliana. A se faire oublier quelques temps, à rester chez lui. Mais finalement, il avait pris son courage à deux mains, était sorti. On ne peut pas sans cesse fuir ses problèmes. Le jour arrivera où, fatalement, il faudra les affronter. Le plus tôt est toujours le mieux. Car s'il avait attendu, il se serait volontairement jetté dans un engrenage qui au fur et à mesure l'aurait complètement broyé. Au lieu de cela, il était sorti de cette agoraphobie passagère plus libre que jamais, plus anticonformiste qu'auparavant.
Ethan Davis écoutait attentivement la jeune femme. Au loin, on distinguait encore le bruissement des murmures des autres new-yorkais. L'acteur se mit doucement à marcher tout en continuant à marcher.

"Je n'ai pas eu l'occasion encore de voir votre spectacle. Il semble marcher du tonnerre d'ailleurs. Honte à moi de ne pas y avoir été d'ailleurs. Vous vous produisez quand?"

Ethan plongea la main dans sa poche et en extirpa une de ses sempiternelles sucreries qui ne le quittaient jamais. Il tendit à Juliana une barre chocolatée sans vraiment savoir si elle allait l'accepter ou pas. Malgré sa célébrité, Ethan était resté quelqu'un de très simple, qui ne se posait pas de questions. Il avait gardé ce côté enfantin qui plaisait tant. Une sorte de mélange subtil entre l'enfant et l'homme.

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La jeune femme joignit son rire au sien, c’était toujours amusant que les autres fassent de l’autodérision, cela prouvait une grande ouverture d’esprit. Beaucoup de gens avaient des a priori sur Ju à cause notamment de ses origines anglaises, certains la croyaient très rigides et pas vraiment le sens de l’humour alors que c’était totalement le contraire, elle aimait s’amuser et puis rire avec des gens qui ne se prenaient pas la tête. Avant d’être chanteuse, anglaise ou quoi que ce soit d’autre, Miss Bennett était une jeune femme de 24 ans qui aimait, comme la plupart des jeunes de son âge, s’amuser. Mais les évènements de la vie font que parfois, la fête passe après la vie quotidienne et voila bien longtemps qu’elle n’avait plus poussée la porte d’un pub ou d’une boîte de nuit. Pas prête pour les sorties et de toutes façons, avec son nouveau job, elle dansait assez sur scène pour avoir les pieds en feu et une envie folle de se prélasser dans son lit ou dans un bon bain moussant. C’était dur la vie quand on travaillait plusieurs fois par semaine ! Alors, un petit moment de détente ne lui faisait absolument pas de mal. Non seulement Ethan la faisait rire mais il l’avait sauvé des gens surtout, ce qui n’était pas rien. Alors, elle pouvait bien faire quelques pas avec lui sans problème et avec le sourire. Et puis de la compagnie était toujours plus plaisante que d’être seule, même juste pour entrer chez soi.

Juliana le suivit dans sa marche, frottant ses mains l’une contre l’autre car elle avait un peu froid mais cela allait passer en reprenant son chemin. Juste, rester sans bouger, même une minute, lui faisait sentir que finalement, il ne faisait plus aussi chaud à New York. Il lui parlait de son spectacle. Enfin, dans le spectacle dans lequel elle jouait. Ju aimait préciser qu’elle ne faisait que reprendre un rôle temporairement, comme pour se prouver à elle-même qu’elle allait refaire des albums. Un jour. Pas demain en tout cas, c’était même certain. La jeune femme secoua la tête.

Je n’y suis que depuis trois semaines et je pense y rester encore quelques mois alors il ne faut pas s’excuser pour si peu, vous aurez tout le loisir de me voir, plusieurs fois si vous voulez, je ne suis pas contre ! Mieux ça marche pour, plus je resterai !

Elle rit un instant, ce serait plutôt une raison pour que le patron de sa maison de disque ne lui réclame un album.

Je suis au Lincoln Center … attendez que je me souvienne, les dates ne sont pas mon fort … les mardis, jeudis, vendredis et certains samedis. Faut vérifier car moi j’y vais machinalement, j’ai perdu la notion du temps à force ne plus beaucoup sortir !

La jeune femme avait tellement passé de temps enfermé dans sa chambre d’hôtel que les jours s’étaient ressemblés le plus naturellement du monde. Il était encore courant que Juliana demande à son manager quel jour ils étaient. C’était assez fréquent même. Dur, dur de reprendre une vie à peu près normale. Mais il fallait bien réapprendre. Comme aussi goûter aux choses simples. Une barre chocolatée par exemple. Quand Ethan la lui proposa, cela la surprit. Ce n’était pas courant et après une courte hésitation, elle accepta d’un petit signe de tête tout en ouvrant le papier d’emballage.

Vous me sauvez de tout ! Je meurs de faim vu que je n’ai pas mangé depuis … environ 15h alors merci beaucoup.

Si Bichou, son manager, aurait vu manger quelque chose de sucré, il lui aurait arraché des mains et l’aurait jeté en vociférant les méfaits du sucre sur l’organisme. Vu qu’il n’était pas là, elle en profitait pour en manger un peu en cachette, comme une gamine. Après avoir croquer dans un petit morceau, elle reprit la conversation.

Sans vouloir être indiscrète, vous faites quoi si tard dans Central Park ? Vous faites parti de ces joggeurs nocturnes dont j’ignorais l’existence jusqu’à ce soir ?

On en apprend tous les jours à New York …

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"Depuis trois semaines? Décidemment, il faudrait que je pense à regarder la presse ou à allumer ma télévision de temps en temps."

Ethan regardait très rarement la télé. Il considérait qu'il y avait trop de stupidités par rapport aux sujets vraiment importants. Il avait un magnifique écran plat, fleuron de la technologie. Un truc qui trônait au milieu de son séjour. Une chose hors de prix qu'il avait acheté pour une unique raison. Une console de jeux vidéos, pour avoir une image nette. Lorsque la console est éteinte, l'écran est noir. Quand à la presse...Ethan avait un avis on n epeut plus mitigé à son propos. Mal nécessaire d'un certain point de vue. Mandy, la manager de Davis, veillait à ce que chaque interview, chaque papier correspondent à l'idée qu'elle s'en était faite. Les quelques scandales (agression sur un journaliste, photo avec une ou deux jeunes femmes à la sortie d'une boîte) avaient tous été assumés, clarifiés. Ne nier que le faux, jamais le vrai.
Le jeune homme prit note des dates de concerts de Juliana. Il irait certainement la voir. Il se ferait porter pâle pour un rendez-vous lénifiant avec Mandy. Elle l'insulterait, mais il aurait une soirée tranquille, sans son chaperon pour le harceler. A l'évocation de la perte de la notion du temps, il hocha silencieusement la tête. Il pouvait comprendre cela. Rester dans une semie-obscurité pour éviter les clichés volés et tous ces stratagèmes pour essayer de vivre normalement. Les gens sont vraiment cons parfois, et ce n'est pas la première fois qu'il le pense. Ni la dernière, malheureusement...
Juliana accepta volontiers la barre que lui tendait Ethan .

"Vous travaillez pour des esclavagistes..."

Il haussa silencieusement les épaules. Ethan avait de nouveau enfoncé ses mains dans sa poche. La sortie du parc n'était pas très éloignée, mas il ne marcha pas plus vite pour autant. De toutes façons, il n'avait pas envie de se remettre à courir. La nouvelle allait se répandre comme une traînée de poudre qu'ils étaient là. Quelle désagréable sensation que de se sentir traqué.

"En ce qui concerne Central Park la nuit...d'habitude, il ne se produit pas le genre d'attroupement dont vous avez été victime. Les gens sont plus détendus le soir. Ils sortent d'un ciné, d'un resto. Le stress de la journée est loin. Il n'y a que des personnes vraies en fait. Plus personne ne joue un rôle. On peut aussi bien discuter avec un autre célébrité qu'avec un groupe d'étudiants qui jouent de la musique."

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Apparemment, elle n’était pas la seule à ne pas lire la presse. Les magazines étaient toujours pleins de cancans, d’histoires sur la vie des autres qui ne l’intéressaient pas le moins du monde. Ju se moquait totalement qu’untel couche avec machin, qui sort avec qui, qui est fiancé … Les gens peuvent lui dire en face si cela était amené dans la conversation. Quant aux autres, si elle ne les connaissait pas, ce n’était pas la peine de savoir ce qu’ils font de leurs vies. Malheureusement, beaucoup de gens aiment tout savoir, c’était pour cela qu’il y avait autant de magasines people, trucs de scandales à la noix qui servaient des dizaines de photos, ragots et évènements qui étaient de l’ordre de la vie privée … Cela l’énervait, un peu de tranquillité ferait tellement du bien mais non, ce n’était pas à l’ordre du jour et cela ne le serait sûrement plus jamais. A moins de retomber dans l’anonymat mais c’était hors de question, la musique lui plaisait trop pour tout arrêter du jour au lendemain. Aucun métier n’est parfait dirons nous même si ce défaut là était plus que pesant au quotidien. Le moindre de vos gestes en photos et dès qu’il se passe quelque chose, vous voici sur papier glacé pour le bonheur des curieux qui veulent tout savoir sur vous sans jamais vous connaître. Enfin, tout cela pour dire que Juliana comprenait qu’Ethan ne lise pas la presse, elle faisait pareil. Si, elle le faisait à la sortie de ses albums et le lendemain de sa première dans la comédie musicale, pour savoir ce que disaient les professionnels du métier, pour se mettre un peu de baume au cœur, se rassurer car son travail était souvent acclamé. Bien sûr, certains ne pouvaient pas aimer, tous les goûts sont dans la nature, mais la majorité était favorable, de quoi redonner le sourire.

Des esclavagistes ? Ce terme la fit rire tant c’était criant de vérité. Dès qu’elle arrivait il fallait répéter sous les ordres d’un metteur en scène qui ne l’aimait pas, il ne fallait pas grossir car on ne retouchait pas les costumes, ne pas boire d’alcool car cela fait perdre la notion d’équilibre, ne pas manger entre les répétitions et le spectacles sinon on est ballonné et on ne rentre donc pas dans les costumes … Tout un système d’ordres, d’interdits auquel elle se pliait car il fallait bien travailler et puis on était jamais totalement libre dans son métier.

Vous ne croyez pas si bien dire …

Elle pourrait amener à manger dans sa loge, grignoter pendant qu’elle se démaquillait, s’habillait et tout le reste mais non, les repas à l’hôtel étaient délicieux et puis elle avait toujours hâte de rentrer chez elle alors bon, c’était une habitude à prendre bien que la jeune blonde était toujours affamée en rentrant dans sa chambre. Elle avait fait pire après tout, tout était surmontable si on s’en donnait les moyens. Et puis là, Ethan lui avait gentiment donner de quoi calmer sa faim pour quelques minutes. Elle n’était pas non plus entrain de mourir de faim, elle prenait son temps pour manger, mâcher tranquillement et écouter le jeune homme parler de Central Park le soir qui semblait être tranquille et détendu. Evidemment, cela devait tomber sur elle, que les gens lui tombent dessus, l’encerclent. Juliana cherchait la tranquillité et partout où ses pieds se posaient, il fallait qu’on la reconnaisse, qu’on lui saute dessus et qu’on doit sauver, trop apeurée pour faire quoique ce soit … Vive la chance qui la caractérise. C’est ça aussi d’aller dans des endroits où elle n’avait pas l’habitude d’aller.

Non mais les gens doivent être surpris de me voir seule, dehors à Central Park … de me voir dehors tout court d’ailleurs ! Pour une fois que je rentre à pieds chez moi, mon hôtel est à quelques minutes d’ici, j’ai voulu changer mes habitudes, ça m’apprendra à ne pas réfléchir avant d’agir parfois. J’vais me faire taper sur les doigts par mon manager qui va m’appeler d’ici 2 minutes … Oh, je parle trop, ça recommence !

Hé oui, la solitude accumulée était à compenser et donc voila Juliana qui parlait, parlait sans se rendre compte qu’elle pouvait parfois monopoliser une conversation. C’était gênant pour elle et donc la chanteuse se taisait quelques instants tout en suivant l’allure des pas tranquille de l’acteur à ses côtés.

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En tant qu'acteur, Ethan était soumis aux même caprices de la part des réalisateurs que la jeune femme. Pour les besoins d'un film, on pouvait vous demander de changer complètement de look et de tête. L'histoire du cinéma regorgeait d'acteurs et d'actrices qui avaient dû prendre plusieurs kilos ou au contraire en perdre. A force de changer de peau, et de laisser dans chaque personnage incarné un peu de soi, on risquait rapidement de se perdre si on ne parvenait pas à faire la part des choses. Ethan parvenait aisément à jouer, mais il était vrai qu'à chaque fois qu'il a dû quitter un personnage il a eut la drôle d'impression de laisser également une part de lui même.
Doit-on en déduire que les acteurs sont les rois des névrosés et qu'ils vivent à l'écran leurs actes manqués? La vérité n'en est guère éloignée. Ethan, par exemple, rêve de dénicher un rôle intense et dramatique. Non pas pour casser l'image de jeune premier qu'il a pu avoir après la série qui l'a révélé, non. Mais pour aller au bout de lui même. Jouer le personnage le plus désespéré possible pour que lui même affronte ses propres démons. Une terrible thérapie par le jeu de rôle.

Ethan fut ravi d'entendre Juliana rire, de la voir sourire. Elle semblait être une sorte de vestale qui sortait de sn gynécée. A la fois fragile et pleine de candeur. Il écouta avec attention les paroles de la jeune femme, ne l'interrompant pas. Si elle avait tant à dire c'est qu'elle désirait plus que tout être écoutée et non pas entendue.
Il secoua la tête en souriant lorsqu'elle prétendit parler trop. Ethan haussa les épaules et pris la parole à son tour.

"Parler trop? On ne parle pas assez, au contraire. Je sais ce que c'est les managers. La mienne est du genre tyrannique. Un drôle de mélange entre une mère-poule, une grande soeur qui nous tyrannise, ou un général d'armée. Mais en général, elle est adorable. Et je dois bien avouer que sans elle je serais perdu."

Mandy avait toujours été là. La quadra était la seule femme qui savait tenir tête à Ethan et surtout le faire ployer. Elle était dotée de ce même regard noir que seules les mères peuvent avoir. Elle savait avoir ce ton déçu qui fait culpabiliser à coup sûr. Elle possédait cette voix douce lorsqu'elle parlait, stridente lorsqu'elle hurlait. Une personne que l'on aime profondément mais qui nous énerve assurément.
Il poursuivit tout en regardant le profil de Juliana.

"Mais elle a compris qu'il valait mieux ne pas tout gérer. Vous avez changé vos habitudes? Je trouve que ça a été une bonne chose. Je vous chevaleresquement sauvé, et nous sommes tranquillement en train de discuter."

Ethan s'arrêta soudain de marcher. Il fixa un point situé droit devant lui. Calmement, il revint près de Juliana. Sortant son portable, il appuya sur une touche déclenchant le rétro éclairage. Il leva son visage vers celui de la jeune femme, un sourire malicieux aux lèvres.

"Tant qu'à bouleverser vos habitudes...allons-y à fond. Je vous raccompagne à votre hôtel et je repasse vous chercher d'ici une heure. La nuit ne fait que commencer sur NY. Je vous emmène boire un verre. Je sais que vous êtes fatiguée et je vous promet de vous ramener dès que vous le désirez."

Invité

Au moins quelqu’un à qui cela ne gênait pas qu’elle parle trop parfois à son goût. C’était une pipelette, bien que timide parfois. Il y avait tant de choses à dire sur tellement de sujets différents que ce serait trop bête de se taire, il ne fallait pas trop en dire par contre, au risque de lasser les gens qui nous entourent. Ju avait de la chance que son manager soit aussi quelqu’un qui parle énormément et qui avait toujours de nombreuses choses à raconter, aussi futiles soient elles. Mais vu la vie que la jeune femme avait mené ces derniers temps, une ermite il faut bien dire les choses, les personnes avec qui parler se faisaient rare alors quand l’occasion se présentait, elle avait bien du mal à contenir tout le flot de paroles qui se bousculait pour sortir. Cela la gênait, Juliana n’aimait pas vraiment être le centre d’intérêt, ce n’était absolument pas son but et préférait se mettre plutôt dans un coin ou au bout d’un certain moment, de laisser l’autre s’exprimer car elle n’est pas toute seule sur cette planète. Mais Ethan ne semblait pas gêné de quoique ce soit. C’était plutôt rassurant même aux yeux de la chanteuse qui lui adressa un petit sourire sympathique. Mais elle préférait toujours s’arrêter avant et qu’on l’invite à continuer plutôt qu’on s’ennuie et qu’on ne l’écoute plus.

Quand le jeune homme se mit à parler de son manager, cela se sentait qu’il l’aimait beaucoup. Un peu comme Juliana avec son cher Bichou : il était excentrique, parfois collant, autoritaire, essaie souvent de la caser mais sans lui, elle ne serait rien. C’était tout de même grâce à lui que l’anglais avait signé son contrat avec StarLight aux Etats-Unis donc tout ce succès, c’était aussi lui qui l’avait hébergée après sa rupture avec Matthew puis qui l’a encouragée à faire cette comédie musicale, il prône la patience en ce qui concerne sa petite protégée. Artistiquement parlant, car au niveau relationnel, il la pousse à sortir et surtout tente de la remettre avec un homme en lui en présentant, bien qu’elle les refuse toujours. Tout ça pour dire que ça partait d’une bonne intention.

Changer ses habitudes ? Oh que oui. Normalement, elle serait déjà sous la douche ou à faire couler un bain après avoir commandé son repas du soir, recevrait l’appel de Bichou et pourrait s’endormir tranquillement pour qu’une nouvelle journée recommence. Alors marcher dans Central Park avec un jeune homme qui l’avait extirpé des fans un peu envahissant. Vraiment rien à voir et elle y songeait tout en continuant de manger quelques pas avant de se rendre compte que son compagnon de route s’était arrêté quelques temps avant puis vint la rejoindre. La proposition qu’il lui fit la surprit, Ju ouvrit ses grands yeux bleus tout en le regardant. Alors sortir le soir après le spectacle était carrément un bouleversement de mode de vie !

Oh, hé bien … Allez, je ne peux pas vous dire non ! Je vous aurais bien dit de partir maintenant mais j’ai au moins besoin de prendre une douche et me changer. Au pire, mon manager serait heureux que je sorte. Il me pousse tout le temps à aller aux galas ou soirées people mais je n’aime pas les journalistes et on ne sait jamais sur qui l’on peut tomber …

Faire de mauvaises rencontres lors de soirées, c’était la hantise de Juliana. C’était aussi beaucoup pour cela qu’elle ne voulait pas sortir, sait on jamais qui on pourrait croiser. Mais Ethan avait bel et bien raison, cela était très bien de bouleverser son quotidien. Rien de mieux que l’aventure pour s’amuser et se sentir revivre, bien que New York n’est pas vraiment une contrée lointaine ni inconnue du monde loin de là même. Elle reprit après un petit temps de silence.

Ne vous en fait pas pour ma fatigue, je suis bien résistante, surtout quand je m’amuse ! Puis, j’ai passé l’âge de demander la permission de sortie. Il va suffire que je dise à mon manager que je suis avec un homme, il va me laisser tranquille. Car c’est un peu mon agence matrimoniale, il aimerait me remettre en couple. Je dois être trop chiante en tant que célibataire, le pauvre.

La jeune femme arbora un petit sourire amusé et montra du doigt la direction de son hôtel. Ce n’était pas si loin, à quelques minutes de marche seulement …