Seule... Pour toute la soirée ?

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Rachel Jones s’installa dans une banquette moelleuse en soupirant d’agacement. A ses côtés, sa nouvelle conquête, un espèce de grand gars blond, qui se donnait le genre de surfeur, commença un long monologue sans intérêt. Il adorait « discuter » avec elle, comme il disait. La jeune femme ne l’écoutait que d’une oreille distraite, tout en se demandant ce qu’il lui avait pris d’accepter d’être en sa compagnie toute une longue soirée. Certes, elle n’avait pas trouvé mieux, mais elle aurait juste pu le rejoindre à la boîte. Elle lui jeta un coup d’œil, admira son hale de garçon riche cuisant aux UV et admit que c’était sans doute que « ça le faisait » de sortir avec l’un des mecs les plus en vue du gotha new-yorkais. Même s’il n’était rien d’autre qu’un gros con ennuyeux.

- Qu’est-ce que tu veux boire ma chérie ? s’interrompit-il soudain en avisant une jolie serveuse.

Rachel se redressa légèrement et lui adressa un regard glacial :

- Ne m’appelle plus jamais « chérie ». Puis s’adressant à la fille. Le truc le plus alcoolisé possible.

« J’en aurais bien besoin », finit-elle intérieurement. La jeune VIP se consola en songeant qu’elle portait l’ensemble le plus chic de toute sa vie. Une très courte robe rouge Chanel la mettait en valeur. Avec un rouge à lèvres rouge cerise (Gemey Maybeline, c’était obligatoire désormais) et une coiffure toute simple, elle se sentait aux mieux de sa forme pour aller danser avec des pseudos-amis.

Pourtant la journée n’avait pas été excellente. Rachel s’était pour une fois levée très tôt, et eut tout le loisir d’admirer le lever de soleil sur les buildings pendant que son taxi était pris dans un embouteillage. Elle eut beau se montrer plus sèche que jamais avec le chauffeur, elle arriva à son rendez-vous avec beaucoup de retard. Son agent l’attendait au pied de l’immeuble en faisant les cent pas. Il bataillait avec son téléphone portable. Amusée, Rachel constata à ce moment que son portable clignotait. « Plus de 15 appels en absence », annonçait-il. Tous étaient évidemment de Richard Kant. Il ne la dérangeait pas souvent, mais quand il appelait c’était du sérieux.
- P**, qu’est-ce que tu fabriques à la fin ? s’écria-t-il quand elle descendit du véhicule en jetant des pièces au conducteur, pile la somme.
- C’est quoi ce photographe ? Peut bien attendre un peu, non ?
Richard courrait désormais derrière sa protégée qui s’engouffra dans le hall.
- Ecoute, c’est important les shoots de ce matin, il est stressé !
Pour être stressé, l’homme aux cheveux blancs l’était. Il commença tout d’abord à hurler à Rachel Jones qu’elle n’était pas du tout professionnelle pour les photos pour les magazines. Cette dernière répliqua vertement, mécontente d’être rabrouée.
- Ecoute, Gemey Maybeline ne peut pas se passer d’une pub comme moi. Par contre, peut très bien se passer d’un photographe à la con.
Ce qui eut le mérite de faire taire le gars un certain temps. N’empêche, Rachel allait encore se faire une sacrée réputation dans le métier. Elle était déjà connue pour ses disputes avec le réalisateur de sa série quand elle y tournait.
Ensuite pour continuer la journée en beauté, la jeune femme ne dénicha pas LA tenue parfaite pour l’anniversaire d’une starlette sur la 5th Avenue. Ce qui avait le don de la mettre dans une rage folle. Enfin, il fallait qu’elle termine par un tête à tête soit disant romantique avec un idiot de première. Rachel avait hâte que ça se termine pour aller étreindre le dancefloor et se soûler jusqu’à en crever.

Le type en face d’elle finit par se rendre compte de la moue dédaigneuse sur les lèvres de sa compagne. Il ouvrit la bouche pour dire... Quand il fut interrompu par des ados en délire.

- Rachel, c’est toi ?... Enfin c’est vous ? Rachel, la fille qui joue Kati dans LA ? Je vous adoooore...

Que faisait ici des gamines de cet âge ? C’était bien malheureux de constater que les fans de Rachel se limitaient à cela : des ados triturées par les hormones, toutes excitées de voir que Kati sortait avec son jeune voisin, fils des ennemis de ses parents, et qui trompait ainsi sa petite amie officielle, qui n’était autre que la meilleure amie de Kati, avec qui elle partageait tout... Bah, ces idioties étaient terminées maintenant. Pendant ce temps, sans laisser le temps à leur star d’en placer une, elles continuèrent :

- Oh là là, vous habitez à NY ?... Vous savez, je suis fan de vous, j’ai un cahier avec que des photos de vous... Mon frère est amoureux de toi !... Vous avez des projets de film ? Parce que vous êtes une super actrice !

Puis l’inévitable.

- Vous pouvez me signer un autographe ?

Non, avait de toutes ses forces envie de répondre la jeune femme. D’autant plus que les sottises de ces filles commençaient à attirer l’attention du bar sur eux, alors qu’ils étaient plutôt discrets jusqu’à présent. Du moins, autant que l’on puisse l’être, avec une Porsche dans la rue dehors, une bombe sexuelle surfeuse (ou qui paraît l’être) et une blonde aguichante que l’on pouvait voir dans les magazines people. Au lieu de cela.

- Vous savez, fit Rachel, totalement hors sujet, le gars, à côté de moi, Andy, c’est le fils du propriétaire des palaces Richton.

Andy, comme l’espérait la jeune femme, bomba son torse peut-être musclé. Les filles, qui n’osaient pas faire revenir leur star sur le sujet de l’autographe, furent émerveillées devant le jeune homme. Une star et un milliardaire dans la même soirée ! Pendant que la serveuse revenait avec un cocktail rouge, le garçon recommença à raconter sa vie sous les regards ébahis des autres. Rachel le descendit d’un long trait et en commanda immédiatement un autre. La fille brune qui lui avait dit que son frère l’aimait lui adressa à peine attention. Rachel eut un petit rire. Etait-ce à cause de la vidéo hot que le frère rêvait de passer une nuit dans ses bras ? Cette vidéo lui avait en tout cas donné une réputation sulfureuse.

- Chérie, que dis-tu de passer une soirée avec... ? proposa Andy les yeux brillants.
- Melissa, Meg, Vanessa, Natalie, s’écrièrent en cœur les fans.

Rachel refusa d’un signe de tête énervé. Les gamines eurent un « oh » de désespoir. Andy décida de passer outre la bénédiction de sa copine du soir.

- Ok, les filles, ça vous dit de faire un tour dans ma Porsche ?
- Oh ouiiii.

Bah tiens, Rachel n’en aurait pas douté. Ses voisins se levèrent dans un bel ensemble et commencèrent à s’éloigner.

- Je t’appelle chérie, affirma le jeune milliardaire (un minimum gêné de laisser sa compagne en plan ?).
- Ce n’est pas la peine, grommela la jeune VIP d’un air pincé, et au fait, je ne suis pas ta chérie.
- Comme tu voudras, sourit le surfeur l’air de penser qu’elle lui sauterait dans les bras la prochaine fois qu’elle le verrait.
- Au fait, Andy, fais gaffe, elles sont mineures, le mit-elle en garde alors qu’il s’éloignait.

Voilà, seule. Pour faire passer sa déception malgré le fait que le garçon n’était rien qu’un idiot, Rachel prit une nouvelle rasade de son cocktail...

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Inutile de préciser que Jason n'avait rien manqué de la scène. Visiblement, Rachel était la personne qu'il lui fallait. Une VIP célèbre, à fric... et terriblement sexy. Il n'avait pas trop compris pourquoi elle sortait avec ce débile aux muscles en plastoc siliconé... Andy... Pathétique frimeur, enfant gâté... mais... milliardaire... Peut-être aurait-il une chance de lui soutirer un peu de cash... C'est bien connu, les jeuens riches sont trop bêtes pourvoir lorsqu'on les roule. Et ce Andy correspondait assez bien à cette description.

- Votre tequila monsieur.

- Merci... Pourriez-vous amener un autre cocktail rouge à cette femme blonde là bas ? D'ailleurs, je crois que je vais aller la rejoindre. Son armoire débile vient de se faire la malle avec des jolies minettes.

Le serveur le regarda interloqué et visiblement sceptique. Il avait l'air de connaitre la dite femme et devait s'en doute penser qu'elle le jetterait en toute convenance. Mais Jason ne se serait pas découragé pour autant. Pas pour cette dimension de poitrine et de porte monnaie... Il se leva tranquillement et se dirigea vers elle.

Il n'était pas ici depuis bien longtemps, une demie heure à tout casser, mais il en avait assez vu pour savoir qu'il aurait sa chance. C'est ce qu'il espérait cinq heures plus tôt. Il n'en était pas à son premier coin branché, mais en général il n'avait croisé que des nymphos des gays ou des pauvres... Bref, des gens inutiles quoi. Sauf peut-être les nymphos comme son ex dépravée Tinny... mais c'est une autre histoire. Il avait donc mis une belle chemise bordeaux et un pantalon noir, le tout accordé à une veste noire, une paire de chaussures, pur cuir, noires également et sa gourmette en argent, qu'il avait achetée en revendant celle que ses parents lui avait fait faire parce qu'elle était en acier travaillé, un petit substitut aux apparences d'argent mais qui voyait son prix diminuer de dix fois.

- Bonsoir. Puis-je vous tenir compagnie ? Je vois que votre compagnon vous a délaissé pour ces blondes excitées. Je me nomme Jason Lopez, et vous ètes ?

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[Désolée, j'étais en vacances Wink

]

Rachel commençait à sentir les effets de l’alcool malgré l’heure précoce. Elle chercha dans son sac à main Versace une cigarette pour se détendre, mais le paquet de Marlboro Light était vide. Merde, pourtant il ne lui semblait pas qu’elle en avait allumées tant que ça durant la journée. Mais la jeune femme fut rapidement distraite par l’arrivée d’un nouveau verre de cocktail (qu’elle avait commandé ? Elle n’en avait pas le souvenir !) et d’un jeune homme pas trop mal. Genre plutôt latino qui se la jouait. Elle, pourtant grande spécialiste du gotha new-yorkais, ne le connaissait pas ou du moins ne le reconnaissait pas.

Reprenant quelque peu ses esprits, la jeune femme examina plus en détail le nouveau venu pendant que celui-ci lui adressait quelques mots, laissant comprendre qu’il avait observé toute la scène avec le milliardaire débile. Il portait un costume que Rachel qualifierait de classe et avait l’allure d’un jeune premier. Pourtant, cette fois-ci, de plus près, l’héritière en était sûre : il ne faisait pas parti de la jet set. En temps normal, le jeune homme se serait fait rapidement rejeté par Rachel Jones, qui l’aurait prié avec dédain de passer son chemin. Mais ce n’était pas un soir comme les autres. Elle était seule et désirait plus que tout au monde avoir de la compagnie, qu’il s’agisse d’un con ou d’un paumé.

- Je suis une blonde sans doute pas assez excitée pour intéresser les milliardaires. Enchantée.

Rachel lui désigna le fauteuil vide à côté d’elle d’un geste désinvolte tout en prenant une gorgée de sa boisson.

- Il semblerait qu’il y ait une place ici, Jason Lopez.

Elle prononça ce nom avec délectation, sans sourire et le fixa droit dans les yeux. Hum, après tout, ce Jason avait de magnifiques yeux verts... Elle songea à tous les hommes qu’elle avait connu, de son premier amant à Chad Hampton, ou encore Matthew Sullivan. Elle ne se souvint pas la couleur de leur regard. Sans doute car en leur présence, elle était plutôt intéressée par autre chose. Rachel posa brusquement sa boisson et darda sur son voisin un œil noir.

- Alors qui êtes-vous, Jason Lopez ? Un gars émoustillé à l’idée de rencontrer une fille qui roule en Porsche ? Un paparazzi prêt à sortir son téléphone portable appareil photo pour me surprendre en train de boire ? Un passant ému par une blonde seule sur une banquette ?

En réalité, Rachel ne pensait pas que ses suppositions fussent vraies. Mais elle choisit de se taire en attendant la réponse du jeune homme. Si néanmoins il pourrait lui en donner une.

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- Non... je suis bien un gars, j'ai un téléphone portable avec appareil photo et aussi remarqué que vous aviez été laissé de côté par un milliardaire dont le porte-feuille occupe sans doute toute la place dans son pantalon...

Il s'assit tranquillement. Tout dans son attitude sentait l'arrogance. Il parlait comme à son meilleur ami, sans être ni géné, ni admiratif, ol affichait un air hautement satisfait et surtout il ne semblait même pas réitérer sa question concernant l'identité de son interlocutrice. Celle-ci ne lui avait d'ailleurs même pas répondu. Un oubli ou un acte délibéré ? De toute façon, la question n'avait été là que pour la forme.

- Je suis simplement Jason Lopez. Et je me suis dit que passer ma soirée seul aurait été un crime plutôt que de la passer avec vous. Permettez-moi...

Il sortit un paquet de cigarettes et lui en tendit une. Bien sûr, il avait remarqué la légère manoeuvre de la jeune femme mais même sans ça il lui en aurait proposé une. C'était une de ses manies... tout comme de laisser trainer ses yeux sur les poitrines... Mais pour le coup, il n'en faisait pas comme à son habitude. Il regardait la jeune femme dans les yeux ou alors balayait la salle du regard.

- Je ne veux pas vous importuner, juste éviter d'être seul et surtout de vous laisser seule... J'ignore vraiment qui vous ètes mais en tout cas, votre... porte feuille ambulant est un imbécile...J'espère qu'il paie bien au moins...

Invité

Rachel Jones laissa éclater un petit rire à l’évocation du portefeuille d’Andy, en songeant à la carte bancaire Gold que ce dernier apportait partout. Au final, cette carte qui avait été le seul atout du pseudo-surfeur ne lui manquait pas trop. Une même Gold traînait dans son sac à main et lui donnait accès à son compte où s’empilaient les dollars gagnés pour son boulot d’actrice. D’ailleurs si le portefeuille occupait le pantalon, malheureusement rien n’occupait le cerveau du pauvre Andy (à part peut-être la Porsche ? Et encore...)

Jason Lopez s’assit de manière orgueilleuse. Il semblait tout à fait à son aise devant une fille pourtant plutôt célèbre et qui avait une haute opinion d’elle-même. Rachel était finalement assez surprise qu’il ne parût pas la reconnaître mais elle appréciait. Cela la changeait des adolescentes attardées ou des gars excités par sa vidéo de ses ébats amoureux. Il lui parlait sans déférence, ne lui demanda pas le maudit autographe, ne l’ennuyait pas avec des questions débiles, ni avec des conversations inintéressantes. Enfin, pour ce dernier point, ça restait encore à voir...

Elle accepta la cigarette qui lui offrait le garçon et l’alluma avec son briquet. Instantanément, elle se sentit mieux et ses nerfs se calmèrent quelque peu. La jeune femme eut donc le loisir d’observer que Jason la fixait dans les yeux. Soudain mal à l’aise, elle détourna le regard et préféra regarder le verre devant elle. Quelle situation étrange. Si elle avait su que le destin lui réservait cette rencontre ce soir... Rachel pensait plutôt passer la soirée en boîte avec un surfeur hollywoodien (et faux) et coucher avec lui dans une suite royale du palace dudit surfeur. Après tout, tant mieux.

La jeune héritière laissa passer un blanc dans la conversation. Normalement, ce Jason aurait dû la mettre hors d’elle. Elle appréciait peu les gens plus arrogants qu’elle. Pourtant, elle le supportait avec la patience de... D’une de ses ennemies ? La petite chanteuse du groupe Casualiter à laquelle elle avait piqué son copain ? Elle prit un ton sec pour répondre au jeune homme :

- Vous ne m’importunez pas. Pas pour l’instant. Vous savez, la solitude n’est pas mortelle (alors qu’elle pensait le contraire). Je pensais juste finir ce verre avant de me casser.

Rejoindre son frère en discothèque. Bonne idée même si Terry occupait son temps à autre chose qu’à parler avec sa sœur. Mais bon, elle pourrait faire connaissance avec sa bande de garçons sexy. Sa voix se radoucit.

- Qui je suis n’a aucune importance. Vous voulez savoir mon prénom ? Rachel, appelez-moi Rachel. Quant à mon faux surfeur, je n’ai pas besoin qu’il paie.

Elle se demanda ce que cela pouvait faire à Jason. Un pique-assiette, lui ? Remarquez, on trouve de tout à New York.

- Il faut savoir se débrouiller seul, non ? sourit-elle en approchant son visage près de celui de son voisin.

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- Se débrouiller tout seul, c'est sûr et certain. Etre toujours maître de son destin, c'est déjà plus difficile... Au moins, je n'ai pas le bagage de la célébrité... Rachel... je trouve ce prénom très joli, ça vous va à ravir !

Jason parlait avec un ton suffisant à lui même. Il savait bien entendu que la plupart des stars se mélangeait rarement avec des parfaits inconnus. Question de principe. Mais pour lui, ce statut de VIP devenait plus du pipot. Il était si facile de ruiner un acteur ou un chanteur... Il suffisait d'agir avec tact et surtout avec intelligence.

- Vous savez, je peux peut-être vous emmener ailleurs. Cet endroit est franchement lassant... Entre les défilés de petites lolitas qui remuent leur derrière comme si ça allait attirer les jeunes mâles, et les vieilles peaux qui tentent encore leur chance après vingt séances de lifting... Vraiment, ce n'est pas un endroit super, en tout cas, je pense que ce n'est pas un endroit pour moi... ni pour vous...

De l'arrogance ? Jason en débordait ! Mais, ça tout le monde l'a deviné. Il n'y avait pas un seul instant où il puisse douter de lui, de sa situation ou même de ses propos. Il plongea son regard dans les yeux de Rachel et lui dit avec un sourire bienveillant :

- Je paie la note. Question de politesse et d'égo aussi. J'estime qu'une charmante femme comme vous ne doit pas débourser un seul dollar... Même si je sais que vous pouvez largement vous payer vos consommations. La solitude a du bon... mais à cet instant précis, je ne regrette pas de l'avoir mise de côté...

Invité

Jason parlait avec beaucoup d’orgueil. C’était bien la première fois que Rachel rencontrait quelqu’un qui n’était pas célèbre avec autant d’ego. Certes elle ne croisait pas beaucoup de gens « normaux » si on pouvait dire ainsi. Et si on ne considérait pas les fans débiles qui criaient les ¾ du temps comme des personnes normales et saines d’esprit. Pourtant, malgré sa médisance, Rachel devait bien reconnaître que si elle existait médiatiquement, c’était grâce à eux. Ils achetaient les magazines people, ils allaient les films de plus en plus guimauves de Hollywood (ou de plus en plus actions sans intérêt) et se précipitaient sur les produits dont les stars vantaient les mérites à la télé.

Si une personne se considérait comme une vraie VIP, c’était bien Rachel Jones. Elle était la fille d’un producteur hollywoodien, elle avait vécu à Beverly Hills, elle avait un fric monstre qu’elle dépensait sans compter dans les vêtements de marque. D’où l’étrangeté de sa rencontre avec Lopez. La jeune femme trouva bizarre qu’il lui dise que Rachel était joli. En compliment, on avait vu mieux (et on l’avait trop vu) et Jason n’avait pas l’air d’un homme exactement comme les autres. Un moyen de la mettre dans sa poche ? En tout cas, il lui faudrait trouver autre chose si telle était son intention.

Il lui parla de l’emmener ailleurs. Pendant qu’elle finissait son verre et sa cigarette, elle observa l’intérieur du Six Seven Pub. Elle n’avait pas la vision négative du jeune homme. Pour elle qui pourtant n’appréciait pas grand-chose hors des palaces ou de son appartement, l’endroit était propre et sympa. En effet, des vieilles liftées roucoulaient et des gamines secouaient leurs maigres atouts. Remarquez, elle avait dit sympa ? Admettons, acceptable.

Le portable de Rachel vibra soudainement de manière très discrète. Pendant que Jason déballait ce qu’il souhaitait lui dire, elle jeta un petit coup d’œil sur le texto qu’elle avait reçu : « VIENS JE SUIS AU FAMOUS HALL B ». B ? Qui c’était celui-là ? Elle y réfléchissait pendant que Jason lui parlait, d’un air bienveillant que Rachel détestait, parce qu’elle avait la détestable impression qu’il avait une expression de père. Amusée néanmoins par ses paroles, et ne pouvant se mettre en colère grâce ou à cause de l’alcool, elle répondit, très ironique :

- Alors quel est le genre d’endroit fait pour moi, vous qui me connaissez si bien, Jason Lopez ?

Elle ne voulait surtout pas le vexer mais elle riait intérieurement de cette assurance sans limite.

- Payez si vous le souhaitez.

Même si elle se donnait un air détaché, Rachel apprécia les paroles du jeune homme. Elle espérait néanmoins qu’il n’avait pas l’intention de l’emmener chez lui. Elle n’était pas très rassurée de se rendre chez les autres, surtout chez les hommes. Mais la jeune femme se rassura en pensant qu’il n’oserait pas, surtout qu’il ne devait pas être très riche.

- Alors, je réitère ma question : où allons-nous ? Elle lui adressa un charmant sourire. Après tout, vous avez raison. La solitude ne fait pas le poids, quand on passe un charmant moment, avec un homme tout aussi charmant.

Qu’il y voit ce qu’il y voulait.

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Flatter son égo, n'était peut-être pas la chose que Rachel puisse faire de mieux mais cela convenait parfaitement à Jason, comme vous vous en doutez... L'endroit fait pour elle ? Le ton ironique présageait une question piège sans doute mais le jeune Lopez n'en était pas décontenancé pour autant.

- Et bien, je dirais le Famous Hall. Vous y étes probablement déjà allée mais je trouve que c'est bien le seul endroit qui vaut le détour après Hollywood. Bon, il n'y a pratiquement que des gens célèbres mais de toute façon, vous ètes habitué. Là-bas vous ne serez pas importunée par une foule d'acnéiques hytériques et vous aurez droit à une soirée moins ennuyeuse. Si je suis avec vous, il y a peu de chance que nous nous ennuyons.

Il n'y avait pas de sous-entendu là dedans, il parlait sans forcément penser à autre chose. Quoiqu'il en soit, c'était tout de même étonnant qu'il n'ait pas encore été envoyé sur les roses par la VIP, vù son comportement...

- J'ai tout de même une question, j'espère que je ne vous dérange pas. J'ai cru déceler tout à l'heure comme une pointe d'agacement. Je ne cherchais pas à vous indisposer, j'essaie seulement de sauver votre soirée qui semble mal partie...

Il faisait le dos rond, parce que ce n'était pas dans ses intérêts de se faire planter en plein milieu du pub, devant tout le monde et sans avoir conclu quelque chose. Peut-être allait-il pouvoir se rapprocher d'elle, lier une amitié. En tout cas, ne vous leurrez pas, il ne fait jamais les choses sans arrière pensée...

Invité

La jeune Rachel avait de plus en plus envie de planter Jason Lopez là. Sa cigarette était entièrement fumée et son verre complètement vide. Elle avait l’esprit obscurcit par l’alcool et les paroles du jeune homme l’exaspérait. Malgré tout, elle donnait l’apparence de passer un agréable moment. Avait-elle donc plus de talent d’actrice qu’on pouvait le penser ? Encore fallait-il qu’elle boive pour en avoir, alors... Et puis de toute façon, chasser Lopez, ce serait finir la soirée en solitaire. A moins que la jeune femme ne rejoigne ce fameux « B » au Famous Hall. Mouais. C’était sans doute un débile qui voulait de la compagnie et/ou se faire prendre en photo avec l’actrice hot de LA. Quelle soirée pourrie, alors ! Restait encore l’option « Terry ». Elle pouvait toujours rejoindre son frère. En attendant, elle avait toujours l’autre à ses basques. Elle choisit de ne pas s’en débarrasser et pourquoi pas finir sa soirée avec lui. Au point où elle en était.

- Le Famous Hall ? Y allez-vous souvent ?

Elle sourit, charmeuse. Elle était tout de même partagée : si c’était pour rencontrer des VIP, quel besoin avait-elle de Jason ? Et puis, il était tellement orgueilleux qu’ils finiraient peut-être par passer une bonne soirée. Le jeune homme venait de le lui assurer.

- Ne pas s’ennuyer avec vous ? Puisque vous semblez si sûr de vous, je suis impatiente de voir cela.

Elle décida brusquement de faire confiance (enfin pour un moment) à Lopez. Qu’il l’emmène où il voulait, qu’il lui fasse ce qu’il voulait (ou presque). A condition que ça n’aille pas trop loin, et qu’il paye. Après, Rachel pourrait sans doute le jeter comme n’importe quel homme qu’elle avait côtoyé. Les garçons sans noms qu’elle rencontrait en boîte et qu’ils l’emmenaient dans des hôtels. Les VIP richissimes, qu’elle faisait durer plus longtemps, juste pour le plaisir d’apparaître dans les magazines à leurs côtés. Elle n’avait pas encore essayé le parfait inconnu sûr de lui qui l’aborde dans le Six Seven Pub et qui lui promets de la distraire. Ce ne sera qu’une expérience de plus, après tout.

L’idée qu’il puisse profiter d’elle lui traversa un instant l’esprit. Peut-être ne pouvait-il pas entrer au Famous Hall sans une VIP ? Peut-être souhaitait-il s’afficher avec elle avant de la laisser tomber, afin de devenir un people ? Peut-être voulait-il juste profiter de son argent et de sa fameuse carte Gold ? Bien que « confiante », elle se promit de rester méfiante avec cela. Pas de photos avec lui (ce serait la honte pour Rachel en plus), pas d’argent déboursé aveuglément (pas de cadeaux ou ce genre de chose). Rien d’autre qu’une soirée clean.

- Moi ? Agacée ? Pas le moins du monde (menteuse !) Mais apprenez néanmoins à ne pas vous vanter d’être mon sauveur, ce que vous n’êtes pas, si vous ne voulez pas que votre propre soirée finisse mal.

Elle avait juste un peu baissé le ton pour proférer sa menace, consciente soudain de son pouvoir sur lui. Il faisait le dos rond devant elle et tant mieux. Cela lui permettrait de reprendre un peu la main sur l’échange, bien qu’elle est l’esprit un peu embrumé.

- Et bien, qu’attendons-nous ? s’exclama la jeune femme avec une joie, que l’on pouvait prendre pour de la comédie bien qu’elle était sincère. De telle sorte que son interlocuteur ne pouvait que se demander si le coup d’éclat de la jeune femme était une hallucination.